Thread by @Iresmo

[Thread] Les pensées de la domination: Comment reconnaître les pensées de la domination ?

Les pensées de la domination sont les justifications mises en oeuvre par les groupes socialement dominants pour assurer leur domination. Ces pensées présentent un certain nombre de structures communes.

1. La naturalisation: elle consiste à trouver une légitimation de la situation d'inégalité sociale ou de discrimination dans la biologie. Il s'agit d'un des procédés les plus courants historiquement. Ex: dans le sexisme, le racisme, le validisme...

Ex: dans le cas des personnes en situation de pauvreté, on va chercher la raison de leur situation dans un prétendu manque d'intelligence ou dans un manque de volonté, dans la paresse...

2. L'essentialisation: il s'agit de regrouper les dominé-e-s dans une catégorie auquel on attribue des traits communs, voire on constitue un groupe qui n'a d'autres points communs que d'être regroupés dans une catégorie... Ex: l'éternel féminin, les immigrés...

3. L'infériorisation: Ces différences sociales, qui se trouvent naturalisées et essentialisées, viennent en outre justifier une infériorité sociale. Une des marques de cela consiste à utiliser la catégorie socialement infériorisée comme insulte.

Mais, ce n'est là qu'une marque parce que ce qui caractérise ces catégories qui sont socialement dominées, c'est le fait de subir une discrimination structurelle: école, logement, travail, espace public, politique...

Les mécanismes de défense: Les pensées de la domination se reconnaissent également par leur mécanisme de défense:

1. Le déni: face à cela, lorsqu'on est socialement dominé, on a intérêt à s'armer de tout un tas de statistiques et d'études sociologiques pour prouver la réalité des discriminations sociales...

2. Le point de vue de nulle part ou la neutralité des dominants: les dominants se reconnaissent par le fait qu'ils n'ont pas de sexe, d'orientation sexuelle, de classe sociale... Ils ne sont pas situés socialement. Ils parlent de leur point de vue de nulle part...

3. La fragilité*: les groupes dominants n'aiment pas être nommés comme tels et quand on le fait, il faudrait respecter leur susceptibilité, y mettre les formes.

(* Repris du concept forgé par Robin Di Angelo; white fragility)

4. Le ressentiment: Lorsque les personnes socialement dominés mettent en avant les inégalités sociales et les discriminations qu'elles subissent et réclament plus de justice sociale, alors on les accuse de ressentiment, de vouloir prendre la place des dominants...

Conséquence: Quand on appartient à un ou plusieurs groupes socialement dominés et discriminés, on a intérêt à s'armer intellectuellement pour a) en connaissant les documents qui objectivent la réalité sociale des inégalités sociales et des discriminations

b) connaitre le fonctionnement structurel de ces inégalités sociales et de ces discrimination, ce qui permet de voir les points communs entre plusieurs oppressions et de constituer des alliances

c) d'apprendre à reconnaître les mécanisme de défense discursifs des dominants pour maintenir leur domination sociale...

Que demande-t-on à un ou une alli-é-e ?

a) qu'il ne reproduise pas les pensées de la domination: justifications et mécanismes de défense...

b) qu'il ou elle aide à objectiver les mécanismes sociaux de la domination.