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Vionnet Joseph @VionnetJoseph
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[Thread] Pétain dans la Grande Guerre : au-delà de la polémique mémorielle, que fut le rôle de Pétain dans la victoire de 1918 ?
St-Cyrien, formé à l’école des « chasseurs à pied », Pétain fait partie de cette nouvelle génération de professeurs de l’Ecole supérieure de Guerre, avec Debeney et Maud’huy ("La Pléiade"), qui vont remettre en question les idées « napoléoniennes » de la doctrine française
Professeur adjoint puis directeur du cours de tactique(1908-11) Pétain insiste sur les changements de la guerre moderne : primauté du feu sur le choc, importance du combat décentralisé. Il reproche au Règlement de 1913 (doctrine) de ne pas tenir compte de ces changements.
« Précis le sec », c’est son surnom, n’en demeure pas moins sur le point de prendre sa retraite à la veille de la guerre. Mais les limogeages effectués dans le haut-commandement et les défaillances lors de la « bataille des frontières » lui permettent de revenir dans le jeu.
Simple général de brigade (au 33 Régiment d’infanterie) au début des combats, il s’illustre par son commandement solide et est donc promu à la tête de la 6e Division d’infanterie (DI), avant de commander la 2e Armée (juin 1915-mai 1916).
Offensive de Champagne (sept-oct 1915): planifiée par Joffre, le Cdt en chef. Dans un rapport adressé au Grand Quartier Général (GQG) Pétain fustige les méthodes employées et prône l’usure de l’ennemi avant toute tentative de percée, laquelle ne doit pas être une fin en soi.
Verdun (à partir de février 1916) : la 2e Armée de Pétain y est transférée, lequel se voit confier par Castelnau le commandement de la Région Fortifiée de Verdun (RFV). C’est ici que le général d’Armée Pétain va se faire remarquer par ses vues opérationnelles originales :
Il met en place un travail de réorganisation de la zone à défendre et de réarmement des forts, ainsi qu’une réserve d’artillerie lourde destinée à basculer d’une zone à l’autre selon les besoins, ce qui assure une meilleure souplesse dans l’appui-feu aux soldats.
Surtout il instaure avec Doumenc un double système de ravitaillement logistique reliant Verdun à Bar-le-Duc. C’est la « Voie Sacrée », qui servira aussi d’itinéraire pour la rotation des unités sur le front. 300 officiers, 8500 hommes et 3900 camions servent son fonctionnement!
La « noria », principe érigé par Pétain, vise à vaincre l’usure du front. Au lieu d'éreinter constamment les mêmes unités de la 2e Armée, Pétain obtient que l’ENSEMBLE des divisions françaises tournent à Verdun. Réforme majeure qui permet un repos physique et psychologique.
À Verdun Pétain s’adonne à des réflexions d’ordre organisationnel et tactique, il n’élabore pas une stratégie, à savoir la conduite de la guerre à l’échelle de l’ensemble du front. C’est Joffre et le GQG qui en ont la charge : coordonner le front Ouest avec les Russes.
On comprend ainsi pourquoi Pétain n’est pas favorable à l’envoi de moyens vers la Somme où le GQG veut frapper en coordination avec Broussilov à l’Est. Car Pétain a un horizon « borné » par les hauts de Meuse, il réclame des moyens supplémentaires pour Verdun, pour 1 bataille.
19 avril 1916 Pétain est placé à la tête du Groupe d’Armées Centre (GAC) qui réunit 4 armées. Nivelle le remplace alors au commandement de la 2e Armée dans le secteur de Verdun. Pétain n’aura donc eu que 2 mois de prise directe sur la conduite de la bataille, que remporte Nivelle
Sa mission au GAC ? Assurer l’inviolabilité du front, ne pas céder un bout de terrain aux Allemands. Pétain doit faire abcès de fixation afin que les Allemands ne fassent pas basculer des réserves pour vers le nord, où doit plus tard être déclenchée l’offensive de la Somme.
Bataille de la Somme (juillet-nov 1916): enlisement. Joffre, critiqué, démissionne le 26 décembre. Pétain est ardemment soutenu par le ministre Painlevé pour lui succéder à la tête des armées, mais c’est Nivelle qui est le «héros de Verdun», il est choisi par Aristide Briand.
Chemin des Dames (avril-octobre 1917) : Pétain s’oppose au projet du nouveau commandant en chef Nivelle, qui repose sur l’ «attaque brusquée». Nivelle délaisse alors Pétain pour Micheler afin de mener l’offensive sur l’Aisne. Pétain engrange les soutiens, dont celui de Lyautey.
Pétain est persuadé qu’il est impossible de dépasser la première position ennemie, ou au mieux la seconde. Après de nombreuses tentatives, Pétain ne croit plus dans les percées décisives dans la profondeur ennemie. Il faut user l’ennemi en souffrant soi-même de pertes minimales.
Le Chemin des Dames n’est pas une défaite contrairement aux idées reçues, mais la percée attendue n’a pas eu lieu. Déceptions immenses, l’opinion perçoit cela comme une défaite. Nivelle est désavoué, et sera remplacer par Pétain à la tête des armées française le 15 mai 1917.
Suite demain
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