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Rapport au parlement du Comité Ethique et Scientifique de Parcoursup.
Un très bonne lecture pour faire le point sur ce qu'est #Parcoursup.
Thread ⬇️
Le rapport précise d'entrée qu'il travaille "à droit constant". C'est clair : il ne remettra pas en cause les décisions de la ministre.
Ce cadre est immédiatement appuyé par le point qui fait le plus mal : le secret des méthodes de classement des candidatures par les formations.
Les rapporteurs appuient également sur le fait que #Parcousup est mis en oeuvre dans un système tout pété par des décisions politiques et qu'il est illusoire d'espérer qu'il réparer quoi que ce soit.
(C'est crucial de bien le comprendre, on y reviendra)
L'encadré 1 (p.15) est particulière bien fait pour expliquer le problème de l'affectation dans le supérieur pour qui s'y intéresse sans rien y comprendre.
Bon là, on aura un désaccord avec les rapporteurs : à ma connaissance, personne ne sait calculer les "chances objectives de réussite [d'un candidat] en fonction de son profil".
Mais sans ça, plus rien ne tient dans la réforme... Alors on fait comme si...
Le rapport confirme clairement que le gros des reproches adressés à APB n'était que le fruit de "« bricolages » divers et variés au fil des campagnes". En clair, APB était fondamentalement sain, mais perverti par des décisions politiques successives.
Il confirme clairement aussi que les problèmes venaient du départage des
"candidats pour les licences non sélectives en tension". En clair, que c'était un problème de place et pas de procédure d'affectation. (Oui, parce que *départager* pour les licences *non-sélective*...)
Il confirme aussi clairement que les fameuses "stratégies de hiérarchisation" (qui ont soi-disant conduit à la non hiérarchisation) n'avaient de sens que pour le tirage au sort dans les filières en tension, donc un problème de place et absolument pas de fondement d'APB.
Nouveau désaccord : l'échec en première année de Licence n'est pas un problème d'affectation, une insuffisance d'APB. La "solution" trouvée (la sélection - on y reviendra) n'est pas une question d'outil.
D'ailleurs ce taux d'échec n'est pas un problème, mais plutôt une richesse.
La non-hiérarchisation des vœux ex-ante est donc bien une particularité purement française (mise en oeuvre par des gens qui ne cessent de répéter "nous sommes les seuls à" pour justifier des suppressions).
On voit aussi la gène pour la justifier, sacré numéro d'équilibriste.
(#FunFact : la non-hiérarchisation des vœux ex-ante empêche de mesurer la satisfaction des candidats, donc de la réduire de façon aveugle et silencieuse. Mais je suis sûr que ça n'a PAS DU TOUT pesé dans cette décision, bien qu'elle n'ait pas vraiment d'autre explication.)
Confirmation ensuite qu'il s'agit bien de la mise en oeuvre d'une sélection, y compris dans les "filières non-sélectives" (ce qui fait de cette expression... Hé bien... Un mensonge pure et simple).
Enfin, les quotas "motivée par la recherche d’une plus grande équité sociale", recherche a priori inutile pour les "filières non-sélectives" à l'époque où elle ne sélectionnaient vraiment pas.
Confirmation donc totale que l'Université est bien devenue sélective.
Petit désaccord ici : pour l'Université, la loi ORE déplace brutalement le "curseur de la prise de décision" des candidats vers les établissements d’accueil, puisqu'ils peuvent désormais sélectionner leurs étudiants.
CQFD.
C'est d'ailleurs ce qui explique ce passage : les universités pouvant désormais sélectionner, il s'agissait de désigner un régulateur du marché pour éviter des bouleversements trop soudains, qui sera donc le rectorat (donc l'Etat).
Petit rappel ici que la non sélection à l'Université était une particularité, non pas d'APB, mais de la loi Française. Particularité que nous avons donc perdu, ce qui ne nous honore pas, bien au contraire.
Petit rappel également que les objectifs fixés à l'échelle européenne sont déjà dépassés par le système français (celui que nous venons donc de changer, et malgré son "taux d'échec insupportable" 🙃).
Petit rappel ici que nos universités sont coincées entre deux injonctions contradictoires. Chacun appréciera dans quel sens la sélection fait pencher la balancer.
(A noter que cette double injonction est LE problème des universités, et qu'on a fait que la renforcer.)
Et ici une petite note qui nous indique que, si on l'avait voulu, on aurait facilement pu être beaucoup plus transparents. Cette absence de transparence est donc bien une pure volonté politique, qui n'a pas été sans coût.
Petit rappel des chiffres : les "formations non sélectives mais qui maintenant sélectionnent" représentent plus de la moitié des places dans le supérieur.
Le rapport salue à raison l'effort d'information. Mais comme je suis mauvaise langue, je note qu'on a jamais dit combien ça avait coûté (genre en nombre de places à l'université, par exemple) et que ça masque le secret essentiel : les méthodes de classement des candidatures.
Au final, tout s'est bien passé, ce qui représente vraiment un réel tour de force, c'était pas gagné.
Et c'est là qu'on voit que nos équipes techniques sont des brutes !
👏
Ici, une chose tout à fait crucial : #Parcoursup n'est que la première brique de la grande réforme de l'orientation/éducation en France.
La réforme du lycée Blanquer (sélection au lycée) ne se comprend qu'avec Parcoursup (sélection dans le sup), et vice-versa.
Deux petites pistes d'amélioration, dont je vous laisse savourer la deuxième.
#OnlyInFrance
Étonnant encadré sur les #FakeNews et l'utilisation des réseaux sociaux...
Je ne peux m'empêcher de rappeler que la grande majorité des fausses informations provenait quotidiennement du ministère.
Juste un exemple, à propos du classement des candidatures : "les critères qui sont pris en compte sont des critères publics, ce sont ces fameux attendus. Les établissements qui ont ajouté d'autres critères les ont fait voter par leur CA". Tout est faux.

publicsenat.fr/article/parlem…
Les attendus ne permettent pas de classer les candidatures, ne contenant pas de pondération. Les critères réellement utilisés n'ont pas été ajoutés par les établissements, mais conçus par les commissions d'examen des vœux, sans les faire voter par les CA.
C'est juste un exemple.
Enfin, les candidats ne savent toujours pas comment leur candidature sera classée par les formations. Ce n'est non seulement pas public, mais en plus secret, et Mme Vidal y a personnellement veillé.

C'est d'ailleurs explicitement noté dans le rapport par la suite : la transparence des méthodes de tri des candidatures n'est pas assurée, et le ministère fait de la résistance.
Passage intéressant qu'on pourrait traduire en "mauvaise langue" par : on détruit les cadrages nationaux, mais sans moyen pour construire autre chose à la place.
Ce qui est vrai. Et un peu inquiétant. Enfin... Je trouve.
Le rapport s'intéresse ensuite au classement des candidatures pas les formations.
Premier point : "le principe de transparence"
BIM !!!
Oui mais voilà... On a bien veillé à garder secret le plus important.
Le principe de transparence ne sera donc jamais respecté, et la procédure ne sera donc jamais acceptable.
¯\_(ツ)_/¯
S'en suit des propositions vraiment pertinentes (dans le cadre posé, c'est-à-dire l'impossibilité d'avoir une procédure acceptable).

1. Publier les choses.
2. Arrêter de changer les indicateurs au cœur de l'été parce que ceux en place ne conviennent pas au story-telling officiel.
3. Bosser un peu moins dans l'urgence et à l'arrache.
4. Faire semblant d'être en démocratie.
Petit passage intéressant sur l'outil qui met en oeuvre les "algorithmes locaux" (qui n'existent pas, je vous le rappelle), et qui montre qu'on peut très bien être transparents si on le souhaite
Le secret est donc bien une décision politique.
On sent bien le malaise par la suite... Le secret serait justifié pour éviter des pression... Alors qu'en l'occurrence, c'est plutôt le secret qui permet des pressions.
Les rapporteurs sortent de leur cadre et concluent en demi-teinte qu'on devrait quand même faire des efforts.
Ce passage indique (très sérieusement) que le secret peut être gardé sur les critères d'évaluation précisément dans le cas où on utiliserait pas ces critères. En clair, pour classer à la tête du client. Etre injustes quoi. Très clairement.
Le malaise sur le sujet de transparence continue... Ici on parle d'un guide pour expliquer pourquoi et comment garder le secret ou pas. Jusqu'ici, toute la partie "examen local" tourne autour de cette question.
Cela en confirme la cruciale importance.
La transparence est d'ailleurs l'objet de la proposition 5.
Malaise aussi autour d'un "procédure plus humaine", dont on voit bien qu'elle est une exception et que passé les jolies phrases, on ne saisit pas bien les objectifs.
"plus humain", ça peut aussi dire "plus nawak", et les rapporteurs en sont conscients.
Malaise encore autour de la prise en compte du lycée d'origine "ne le faites pas mais je ne l'interdis pas alors que je pourrais le faire".
En réalité : "Attendez un peu, on est en train de faire la réforme du lycée, ça va se réguler tout seul, vous allez voir".
Pourquoi ne pas interdire ? Parce que la prise en compte du lycée d'origine est la pierre angulaire des réformes #Parcoursup+Blanquer. C'est cela, le véritable "continuum -3/+3". Sans ça, aucune de ces réforme n'a de sens.

blog.educpros.fr/julien-gossa/2…
Malaise encore sur la destruction des cadrages nationaux...
Et pourquoi ce malaise ?
Parce que sélection + destruction des cadrages nationaux = ouverture d'une marché concurrentiel.

blog.educpros.fr/julien-gossa/2…
Ensuite, on s'intéresse à la performance du système.
Sur la qualité de l'affectation, un point fort serait que la sélection (qui n'existe pas, je le rappelle) a permis d'avoir des étudiants mieux adaptés (alors qu'on a pris tout le monde).
🙃
On rappelle quand même que, conformément au #FakeNews diffusées sur les réseaux sociaux, #Parcoursup est ultra-lent, et qu'il va falloir faire quelque chose. Il suffirait de rétablir la hiérarchisation des vœux, mébon...
Deux beaux graphiques qui montrent que c'est lent... Très lent...
Et une proposition (mais qui n'est pas la hiérarchisation des vœux, seule à même de réellement accélérer la procédure).
Ici on peut constater que la majorité des démissionnaires (environ 100k) ont eu une proposition... Mais puisque les vœux ne sont pas hiérarchisés, on ne saura jamais si la démission est due à une réelle volonté d'aller ailleurs, ou à une insatisfaction de la proposition faite.
Petites propositions en rapport.
Quelques chiffres sur la procédure complémentaire, qui ne sont pas tops... Mais bon, il faut bien comprendre que là, on tape sur des cas de plus en plus difficiles à gérer.
Et une proposition... Pourquoi pas...
Malaise autour de la hiérarchisation des vœux encore... "On ne milite pas pour son retour, mais quand même ça serait bien, alors peut-être à une autre date ?
En tous cas, il faudrait y réfléchir."
Proposition : "On s'appelle, on se fait une réunion ?"
Un graphique super intéressant sur le devenir des boursiers et donc l'impacts des quotas. En clair, la réorientation des pauvres depuis les Licences vers les filières pro (BTS et DUT) est nette. CPGE ne bronche pas.
Par le prismes des boursiers et de leur quotas, on découvre aussi l'immense hétérogénéité des situations
Les rapporteurs ne sont pas dupes : les quotas ne sont pas un outil de réduction des inégalités sociales, mais un outil d'orientation des pauvres.
Encore une chose à mettre en rapport avec la réforme Blanquer du Lycée.
Spoiler alert : ces propositions ne seront pas suivies.
Et maintenant, la même chose mais pour les quotas hors-académie.
Les rapporteurs ne s'y trompent pas : tout l'enjeu ici est bien de réguler un marché concurrentiel de l'enseignement supérieur (appelé pudiquement "compétition").
Et ici, on voit bien que chaque territoire est en train de décider de l'organisation de ce marché concurrentiel de l'enseignement supérieur, soit pas la couverture territoriale, soit par la concentration des élites.
Proposition : on ne dit pas "marché" (c'est un poil tabou encore), mais "équilibre territorial de l’offre et de la demande"
Ca se voit bien sur Paris : qui qui recrute des pauvres, qui qui recrute sur un large territoire.
Ces deux graphiques sont superbes : ils montrent comment on peut subtilement modifier des flux d'étudiants en fonction d'objectifs politiques en utilisant des quotas.
Il manque la qualité des dossiers de candidatures pour vraiment se régaler.
Proposition : ralentir un peu l'accélération des inégalités territoriales à Paris.
Après on parle Bac pro et BTS : un graphique pour comprendre que ce n'était pas un problème de procédure d'affectation mais de places, donc de moyens.
Evidemment, quand on bouchonne ainsi des filières, ben ça déborde et les gens se battent. D'où cette proposition :
Je ne peux m'empêcher de lire ici : "Il faudrait cesser de laisser les politiques décider des politiques d'éducation".
Et des proposition qui font rêver.
Conclusion (enfin) : ce rapport est génial ! Il fait vraiment le tour de toutes les questions de façon claire et précise. J'en remercie grandement les auteurs (et pas seulement parce qu'ils confirment tout ce que les détracteurs de la loi ORE affirment depuis le début 😝).
(Pour la petite histoire, j'ai juste pris une vidéo au hasard de Vidal parlant de Parcoursup. Je ne la connaissais pas par avance. On peut faire ça avec a peu près toutes je pense.)
Et là ! Grosse surprise : on passe en mode "open bar". En clair, plus de protectionnisme en région parisienne.

lemonde.fr/campus/article…
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