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On continue notre série d'articles consacré à la Peste noire. Aujourd'hui, épisode 5 : « Faire ses courses ou faire son testament ? ». Face à la #maladie, certains se ruent sur les supermarchés, d’autres... sur les notaires. Et les prix explosent... Un thread ⬇️ ! #histoire Image
Le chroniqueur italien Buccio di Ranallo de l’Aquila, une ville dans les Abruzzes, rédige vers 1355-1360 une chronique rimée pour raconter l’épidémie de Peste, qu’il appelle « la grande mortalité ». Il faut dire que le taux de mortalité y atteint... 70 %. Voilà voilà. Image
Parmi les nombreuses conséquences terribles de l’épidémie, une l’agace : la flambée des prix. Et d’abord celui des médicaments. Les médecins et les apothicaires, visiblement moins consciencieux que les soignants d’ajd (#bravopourlessoins), montent leurs prix chaque jour... Image
Dans la foulée, une "grande cherté" s'abat sur la ville et le prix des aliments monte : œufs, fruits frais en particulier. Evidemment, les plus pauvres sont les plus désavantagés... Buccio, qui est un marchand, commente avec attention le bouleversement total du marché Image
En effet, les pauvres vendent leurs terres pour s’acheter de la nourriture : du coup le prix de l’immobilier s’effondre. De même, on abat le bétail, car les céréales coûtent cher : le prix de la viande chute en quelques jours... Image
Pour Bucio, le plus grave, c’est la hausse du prix de la cire. Elle coûte tellement cher que les plus pauvres ne peuvent plus se payer les cierges réglementaires pour leurs enterrements... Or, enterrement bâclé rime avec salut compromis. Image
Les autorités communales réagissent : tout comme la semaine dernière le gouvernement a plafonné le prix de vente du #gelhydroalcoolique, à l’époque on plafonne le prix de la cire. Mais les clercs parviennent quand même à s’enrichir, en réutilisant plusieurs fois un même cierge... Image
La proximité de la mort provoque également une autre demande sociale : les gens se ruent sur les notaires pour faire rédiger des testaments. Cela peut nous paraître très étonnant : aujourd’hui on se précipite sur les pâtes dans les supermarchés, moins sur les notaires... !
Mais en réalité c’est très logique. Pour un chrétien, mourir intestat – c’est à dire sans testament – est une angoisse permanente. Le testament est en effet le lieu où l’on rectifie ses torts, où l’on redistribue ses biens, conditions obligatoires pour espérer entrer au paradis Image
Dès lors, pas étonnant que les médiévaux considèrent que les testaments sont une priorité absolue : il s’agit de mettre ses affaires en ordre, pour se préparer à une mort très probable. Les notaires en profitent, puisque selon Bucio le prix des actes notariés s’envole...
Notons que les notaires le payent au prix fort : leur métier les amène en effet à être en contact avec de nombreuses personnes, ce qui augmente les risques de #contagion. A L’Aquila, les 40 notaires connus dans les années 1340 meurent tous de la peste... Image
Buccio s’emploie ensuite à décrire l’après-Peste, en s’intéressant aux conséquences économiques et sociales. La plus visible, c’est l’enrichissement des survivants, qu’il résume par cette belle expression : « les rares qui restaient étaient tous des hommes riches »
Les survivants semblent également pris d’une forte de frénésie... pour se marier ou se remarier. Là encore, c’est logique : avec 70% de morts, il y a de très fortes chances que quasiment aucun couple marié n’ait survécu... Donc les veufs/veuves s'empressent de se remarier. Image
Ce grand bouleversement autorise tout. Les mariages bâclés : on célèbre des mariages tous les jours de la semaine, alors que normalement c’était uniquement le dimanche. Les écarts d’âge : ce vieillard de 90 ans épouse une jeune fille de 12 ans tout juste nubile... Image
Bucio décrit un paysage social bouleversé : même les clercs quittent par dizaines leur habit pour se marier et profiter des opportunités, notamment économiques et sociales, qu’offre le monde de l’après-Peste...
Malgré ces défections, Buccio identifie bien la grande profiteuse de l’épidémie : l’Eglise. En effet, les milliers de morts ont fait des dons à l’Eglise, ce qui est à l’époque la façon la plus simple d’acheter son salut. Image
L’Eglise a donc récupéré des champs, des vêtements, des objets précieux, de l’argent... Pour le chroniqueur-poète, aucun doute : « pour l’âme des morts, l’argent coula à flots ; les clercs se réjouissaient du matin au soir ».
Comme quoi, même au cœur de la Peste, le malheur des uns... 🤔😶🙄 La suite au prochain épisode ! Image
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