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Humain Curieux @HumainCurieux
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Aujourd'hui, je vais vous faire un thread sur le document d'Envoyé Spécial sur le barrage de Vouglans intitulé "Barrage : le scénario catastrophe", diffusé le 13/09/2018 et disponible à cette adresse :

Oui, je sais, j'arrive longtemps après.
Tellement longtemps en fait que l'ami qui m'a le plus poussé à sortir ce thread (que j'ai en tête depuis septembre) vient de me doubler.

Et en plus, il l'a fait avec un excellent thread. Franchement, on ne peut plus avoir confiance en personne de nos jours, ahlala ma bonne dame.
Donc si ce n'est pas déjà fait, je vous prie d'aller lire le thread de @TristanKamin sur le sujet, hop hop aucune excuse, en plus c'est court, ça ne fait que 15 tweets, pas comme l'espèce de roman qui vous attend si vous continuez à scroller vers le bas.
Maintenant, plantons le décor.
Nous sommes le 19 septembre 2018, soit quelques jours après la sortie d'un Envoyé Spécial que je n'ai pas regardé et dont je ne sais alors rien.
Sur Twitter, je vois passer un lien vers un article de France Info, intitulé "Jura : le barrage de Vouglans "peut péter instantanément" et inonder l'Ain et le Rhône". Rien que ça.
Attiré par le titre aguicheur, je lis le très court article.
francetvinfo.fr/meteo/inondati…
Il faut dire qu'on nous promet un barrage qui pourrait péter n'importe quand, si je comprends bien. C'est un peu important, tout de même.
On apprend notamment que "la pression de l'eau est maximale sur les rochers où l'ouvrage est fixé", ce qui n'est pas très rassurant disons-le. Franchement, s'il n'y a aucune marge, c'est pas cool.
Et là, histoire de mettre un dernier coup, est écrit en gras "Quatre centrales nucléaires menacées". Et ça parle de Fukushima, d'"une vague de 12 mètres de haut"... En effet, ce genre de vague sur une centrale, ça rappelle des souvenirs.
La centrale la plus proche et la plus menacée serait celle du Bugey, mais "trois autres seraient menacées plus au sud". Un quadruple Fukushima, en gros.
Et en tête d'article, on a un extrait du fameux document d'Envoyé Spécial. Il faut toujours, dans la mesure du possible, remonter à la source : un peu de courage, allons voir ce document, et en entier, pas juste l'extrait.
Le reportage fait presque 25 minutes, et je ne peux pas décemment vous demander à tous de le regarder en même temps que vous lisez ce thread. Donc pour bien le retranscrire, je le commenterai dans l'ordre, avec des impressions d'écran pour appuyer mes dires.
J'ai un problème dès le titre.

C'est pas clair si le scénario catastrophe présenté est probable ou non. On ne sait pas bien si on cherche juste à se faire peur avec le scénario le plus dévastateur, ou si on garde comme contrainte de s'en tenir à un cas raisonnablement crédible.
Mais bon, je chipote, pour l'instant.
En première partie, visite du barrage avec un inspecteur de sûreté hydraulique EDF. On nous présente le principal moyen de surveillance de l'état du barrage, des pendules d'environ 100 mètres de long.
Fixés au sommet du barrage, ils le traversant de part en part et permettent de s'assurer que celui-ci ne bascule pas (une rotation infime du barrage serait immédiatement trahie par un déplacement apparent du pendule par rapport au barrage).
Dans la salle suivante, horreur, des fissures.

Heureusement, l'inspecteur de sûreté explique très calmement que ces petites fissures n'ont rien d'alarmant. Elles datent de la mise en eau du barrage, ont été mesurées pendant des années et n'évoluent plus depuis des décennies.
(Voix off)
"Officiellement donc, tout est sous contrôle. C'est à l'extérieur que se trouve le point le plus critique pour le barrage. Les rochers sur lesquels est fixé l'ouvrage. La pression de l'eau y est maximale."
Vous permettez que je hurle? 😱

Non, sérieusement. "La pression de l'eau y est maximale", c'était cité hors contexte dans l'article. Hors contexte, difficile d'y voir autre chose qu'une pression maximale par rapport à une valeur limite à laquelle les roches craqueraient.
Mais en fait non, la phrase est juste là pour dire que si on considère tout le barrage, l'endroit où la pression est la plus grande, c'est sur les rochers. Aucune notion de danger dans cette affirmation.
"Pour notre guide, là encore, pas d'inquiétude, la jonction entre la roche et le béton est suffisamment solide. [...] Une mauvaise jonction entre le béton et la roche peut provoquer une rupture brutale du barrage. ../
/.. Pour l'inspecteur hydraulique d'EDF, ça paraît improbable. Pourtant, c'est déjà arrivé, il y a 60 ans."
Donc là on commence à remettre en cause l'expert qu'on a fait venir, vu qu'il est un peu trop rassurant. Aucun problème à signaler? "Officiellement, tout est sous contrôle." La jonction roche-barrage est jugée suffisamment solide? Si elle ne l'était pas, ça serait catastrophique.
En principe, quand un expert passe à la télé, il pèse chacun de ses mots pour que son propos ne soit pas détourné. Là il est parfait: rien de ce qu'il dit n'incite inutilement à la panique.

Mais bon, on panique quand même.
Si vous croyez que j'en rajoute en parlant de panique, sachez que le reportage enchaîne quand même sur des archives de la rupture du barrage de Malpasset, en amont de Fréjus.

La plus grande catastrophe française dans le domaine, qui a causé 423 morts en 1959.
Le barrage avait été mis en service 5 ans auparavant, et a lâché lors d'une crue, a priori en bonne partie à cause d'une mauvaise étude géologique et d'une accumulation d'erreurs de conception.

"Pour EDF, on ne peut pas comparer Malpasset et Vouglans."
Et pour cause: comparer un barrage des années 50 qui a très vite lâché et est devenu cas d'école pour les concepteurs de barrage à un autre qui, mis en service la décennie suivante, tient tranquillement depuis 50 ans...

Mais bon, on les compare quand même.
Et on en arrive au gros du reportage.

Le lanceur d'alerte, l'expert de l'ombre (littéralement, il est filmé dans l'ombre ^^), qui accuse EDF de mentir sur l'état du barrage. Un ancien technicien EDF, qui a récupéré des documents internes.
On a alors une énumération de fragilités du barrage qui ont été observées. Sous-pressions élevées en pied (pression importante sous le barrage, a tendance à le soulever), apparition de fissures, contact béton-rocher dégradé, glissements de terrains proches...
Et le technicien ajoute que le barrage est un des plus surveillés de France.

J'ai une remarque à faire: en principe, un lanceur d'alerte, il rend ses documents publics (à moins bien sûr que la diffusion de ceux-ci cause un problème majeur de sécurité). Là, ce n'est pas le cas.
On doit donc prendre ce qu'il dit pour argent comptant, avec quelques scans de documents par-ci par-là, et vive le cherry-picking.
Mais même comme ça, pour résumer, EDF sait exactement ce qu'il en est des fragilités de son barrage, les surveille et dit qu'actuellement tout va bien.

Décidément, ça manque de panique.
Mais attention!
Arrive la phrase qui sert de titre à l'article de France Info. "Ce type de construction de barrage, qui est un barrage-voûte, fin, peut péter instantanément".
Comprenons-nous bien. Là, si je ne m'abuse, le monsieur ne dit pas "à tout moment, le barrage peut péter". Il dit "ce type de construction fine, si elle venait à péter, le ferait instantanément".
Encore une fois, l'article de France Info sort complètement une citation de son contexte pour être encore plus alarmiste.
Difficile de lire que le barrage "peut péter instantanément" et de ne pas penser qu'on parle d'un danger imminent.
Et pourtant, ce n'est juste pas le propos: on parle juste de comment la rupture arriverait, si elle avait lieu. Pas du tout de sa probabilité.
Mais tant pis, apparemment, il est établi que le barrage est dangereux et sa rupture probable. Alors on va étudier les conséquences de la pire rupture possible. Celle étudiée (c'est la loi) par EDF.
Une rupture brutale du barrage, couplée à une crue historique de l'Ain et du Rhône.

Une vague de 12 mètres de haut submergerait alors la vallée de l'Ain, balayant une cinquantaine de villages.
Soyons clair: en cas de rupture brutale du barrage, les habitants des premiers villages ont du souci à se faire. Difficile de prétendre pouvoir sauver qui que ce soit dans ce scénario.
Toutefois, en cas de rupture progressive, un plan d'évacuation est prévu par les mairies. Le reportage fait remarquer que ce plan n'a jamais été mis en œuvre en exercice.
Ce qui est à la fois problématique et compréhensible: évacuer tout un village, ce n'est pas spécialement un exercice facile à organiser par la préfecture. Tout cela est expliqué très simplement par un directeur de cabinet du préfet de l'Ain.
J'avance un petit peu, pour en arriver au cœur de la 2ème moitié du reportage: la centrale du Bugey.

Dans le scénario décrit par EDF en cas de pire rupture possible, la vague atteint les abords de la centrale au bout de 6 heures et 90km, et ferait alors monter l'eau de 9 mètres.
(Voix off)
"Toute la zone serait inondée sauf, précisément, la centrale du Bugey. Comment est-ce possible?"
Je tente une explication: parce que c'est étudié pour? Et que c'est tout de même un petit peu l'objectif de ce genre de calcul que de se préparer? La centrale est peut-être surélevée? Une digue a été posée? Des remblais ont été élevés?
Interview du directeur de la centrale du Bugey... Et c'est précisément ce qu'il dit.

Un mur de protection est prévu devant le Rhône, des remblais ont été érigés, et le site bénéficie déjà du relief naturel. Encore une fois, RAS. Ça devient lassant.
Mais attendez, on a trouvé une petite association qui juge que les calculs d'EDF "sont arrivés au résultat auquel ils voulaient arriver". Un supposé manque d'objectivité d'EDF, en somme, qui nous est pointé par l'association antinucléaire "Stop Bugey".

Je dis ça, je dis rien. 🙄
Plus précisément, on nous dit que la hauteur d'eau dans le barrage, qui est sensée être maximale au moment de la crue puisqu'on se place dans le cas où tous les éléments s'alignent contre EDF, a été sous-estimée de 5 mètres, à 424m au lieu de 429m.
De la manière dont c’est présenté, on n'a pas vraiment de preuve que c'est volontaire, cette petite erreur pourrait bien arranger EDF, en tout cas.

Sauf que.
Sauf qu'avant de zoomer sur ce dernier document, on a l'occasion de le voir en entier, pendant environ 1 seconde. Et voici ce qu'on peut lire en faisant "Pause".
"L'hydrogramme de l'onde est basé sur l'hypothèse d'une cote maximum dans la retenue de Vouglans avant effacement de 424m NGF [...] garantie si nécessaire par une vidange préventive."
Donc la seule "erreur" que commet EDF, c'est de considérer qu'en cas de crues historiques du Rhône et de l'Ain avec soupçons de fragilités du barrage de Vouglans, une vidange préventive sera effectuée. De 5 mètres sur les 429 mètres d'eau dans le barrage.
On passe ensuite à la crainte de la ville et du canton de Genève, qui réclament la fermeture de la centrale du Bugey. La ville, à environ 80km de la centrale, craint de subir des conséquences en cas de submersion de la centrale, sans en bénéficier en cas de fonctionnement normal.
Leur avocate, c'est Corinne Lepage, bien connue des pro et antinucléaires. Écoutons ce qu'elle a à dire.
"Le différentiel entre la hauteur de la centrale et le niveau d'eau est 20 centimètres. C'est très très très faible, comme marge de sécurité. Parce qu'il suffit de très peu de choses ../
/.. ne seraient-ce que des pluies torrentielles, par exemple, qui y ajouteraient une louche, si je puis dire, ce qui n'est pas inconcevable dans un scénario catastrophe pour que vos 20 centimètres vous les ayez."

Alors non. Non, non, non, NON, NON.
Si vous avez bien suivi jusqu'ici... Déjà bravo, parce que c'est long, et surtout, vous avez dû remarquer pourquoi l'argument de Mme Lepage est tout pourri.
En cas de rupture brutale d'un barrage plein pendant une crue centennale de l'Ain et historique du Rhône, il suffit qu'il pleuve encore un peu plus pour que...
Non mais stop, à un moment.

Il y a un moment où on doit s'arrêter, quand on fait des hypothèses.
Là, les hypothèses sont déjà extrêmement violentes. Alors oui, on peut aussi supposer que le camion d'un laitier s'est renversé, que les enfants viennent de faire pipi dans la rivière et qu'Obélix est en train d'y nager.
Mais à un moment il faut s'arrêter et se demander si ce que l'on fait a encore un sens. Chose que Mme Lepage ne semble pas faire.

Là, en cas de crues gigantesques et simultanées de l'Ain et du Rhône et de rupture brutale du barrage, on a encore de la marge.
Sans compter que quand bien même... Imaginons que la centrale ait les pieds dans l'eau.

Bon, c'est pas cool... Mais c'est pas Fukushima.
À Fukushima, c'était un tsunami, pas des vaguelettes de 5 cm qui arrivaient péniblement. Et une vague de plusieurs mètres, d'après les calculs d'EDF, c'est juste hors de question. Donc difficile d'imaginer que les générateurs de secours soient inondés comme à Fukushima.
(L'image vient de tepco.co.jp/en/press/corp-… , page 47)

Et vous savez quoi? Même en cas de vague imposante, des mesures ont été prises pour éviter de revivre le même scénario qu'à Fukushima.
Des "Diesels d'Ultime Secours" surélevés sont en train d'être installés dans les centrales françaises, et notamment à la centrale du Bugey.

edf.fr/groupe-edf/nos…
En plus, une Force d'Action Rapide du Nucléaire (FARN) a été créée après Fukushima, pour pouvoir intervenir rapidement.

Et la FARN la plus proche du Bugey, elle est... au Bugey. Ça va, la distance devrait être gérable.
Récapitulons.

Si le barrage pète, la centrale est-elle en danger? Non, clairement pas, d'autant que le barrage n'est peut-être même pas plein.

Si le barrage pète pendant une crue centennale de l'Ain? Non plus.

Et si en plus on a une crue historique du Rhône? Toujours pas.
Et si on s'est un peu trompés dans les calculs? Whatever, on aurait à peine les pieds dans l'eau.

Et si on s'est encore plus trompés et qu'une vraie grosse vague arrive malgré tout ça? Ben on a la FARN et très bientôt les DUS, donc ça ne devrait pas faire un nouveau Fukushima.
Ensuite, on a une jolie analyse de sûreté nucléaire par le technicien "de l'ombre" spécialiste de... barrages...
Il explique que la vague qui viendrait de Vouglans charrierait de la boue / des débris qui viendraient rendre inopérant le système de pompage d'eau depuis le Rhône.
"Tout le système de pompage sera en panne, ça ne peut que provoquer la fusion." Ah ben rien que ça.

Mon petit doigt me dit que ce n'est pas aussi simple, mais encore une fois je vous renvoie vers @TristanKamin qui répondra mieux que moi sur ces questions.
(Voix off)
"Une vague géante, des débris, des réacteurs en fusion, une explosion nucléaire... C'est exactement ce qui s'est passé à Fukushima."

Je ne vais même pas revenir sur le ridicule de la comparaison.
Par contre, j'aimerais quand même signaler que l'explosion qui a eu lieu à Fukushima était due à une accumulation d'hydrogène. Rien à voir avec ce qu'on appelle généralement une explosion nucléaire (l'explosion d'une bombe atomique, quoi).

connaissancedesenergies.org/d-ou-vient-l-h…
Musique pesante.

"Les japonais, eux, n'avaient pas prévu le pire."
Retour de Corinne Lepage.

"Le parc nucléaire français a été construit avec l'idée qu'il ne pouvait pas y avoir un risque nucléaire en France. C'était im-po-ssible. Et il a fallu attendre Fukushima pour entendre dire qu'une catastrophe nucléaire en France était possible.
../
/..
[...]
C'est une révolution de paradigme. Quand vous êtes en face d'un risque pour lequel vous n'avez aucune réponse, si ce n'est la fermeture de la centrale, et que vous ne voulez pas entendre parler de la fermeture de la centrale... qu'est-ce que vous voulez dire?"
C'est du grand n'importe quoi. Je pense que tous ceux qui travaillent dans la sûreté nucléaire seront "assez surpris" d'entendre que leur travail est apparu en 2011.
Allez juste pour rire:
Création de l'ASN, 2006.
Création du Service central de sûreté des installations nucléaires, 1973.

J'aimerais qu'on m'explique ce que faisaient tous ces gens avant 2011.
Mais je pense qu'ils seront surtout outrés d'entendre que d'après Mme Lepage, leur métier ne sert à rien. Puisqu'EDF n'a, je cite, "aucune réponse, si ce n'est la fermeture de la centrale". Si vraiment aucune réponse n'est possible, à quoi servent les ingénieurs en sûreté?
Bon, ils s'en remettront assez vite en se rappelant que c'est Corinne Lepage qui parle, et qu'elle n'est pas connue pour ses positions objectives sur le sujet.

Enfin dire que personne en France n'imaginait un risque nucléaire avant Fukushima, elle se surpasse, quand même. x(
Bon! On approche de la fin du reportage, 22 minutes sur 25, un peu de courage.

Ah oui, au fait, Lyon serait sous 6 mètres d'eau, aussi.

Bisous.
Plus précisément, voici ce qui est dit :
"L'histoire ne s'arrête pas là. Selon EDF, les effets de la vague se feraient sentir bien au-delà du Bugey. 35 kilomètres plus loin, le Rhône déborderait à Lyon. La place Bellecour, par exemple, se retrouverait sous 6 mètres d'eau.
../
/..
Plus au sud, toujours en bordure du Rhône, 3 autres centrales nucléaires seraient menacées. Saint-Alban, Cruas et Tricastin."

C'est littéralement le seul passage du reportage qui parle de Lyon. Quatre phrases, 16 secondes sur 24 minutes 53 de reportage.
Sérieusement ?

Lyon sous 6 mètres d'eau, ça ne mérite pas plus de temps d'antenne qu'une centrale 20 centimètres hors de l'eau? Ça n'est pas incroyablement plus dangereux?
Et PAF on retourne sur du nucléaire on n'a pas le temps!

Il y a encore des centrales en aval! Saint-Alban! Cruas! Tricastin! Tout est dangereux, puisque c'est en bord de Rhône!

Vous savez quoi, ça a l'air amusant, alors moi aussi je veux jouer.
J'ai dressé une petite liste des sites classés "Seuil Haut" en statut Seveso, en Auvergne-Rhône-Alpes, qui sont a proximité du Rhône, en aval de notre barrage. Dans l'idée c'est facile, il suffit d'aller sur ce site pour avoir la liste par région (…lassees.developpement-durable.gouv.fr/rechercheICFor…).
Après il suffit d'avoir suffisamment de temps devant soi pour aller les voir une par une sur Google Maps pour vérifier qu'elles sont en bord de Rhône.

J'AI UNE VIE TOUT À FAIT ÉPANOUISSANTE, MAIS SI MAIS SI.
Finorga-Novasep (Chasse sur Rhône)
Gifrer Barbezat (Decines Charpieu)
Rhône Gaz (Feyzin)
Total Raffinage France (Feyzin)
Suez RR IWS Chemicals France (Givors)
tal Additifs et Carburants Spéciaux (Givors)
Eurecat France (La Voule sur Rhône)
Dépôt Pétrolier de Lyon (Lyon)
Entrepôts Pétroliers de Lyon (Lyon)
Stockages Pétroliers du Rhône (Lyon)
Arkema (Pierre-Bénite)
Areva NC 22 (Pierrelatte)
Dépôt Pétrolier Portes-lès-Valence (Portes-lès-Valence)
Adisseo France SAS (Salaise-sur-Sanne)
Bluestar Silicones France SAS (Salaise-sur-Sanne)
Engrais Sud Vienne (Salaise-sur-Sanne)
Hexcel Fibers (Salaise-sur-Sanne)
HLog (Salaise-sur-Sanne)
Novapex (Salaise-sur-Sanne)
Rubis Terminal (Salaise-sur-Sanne)
Suez RR IWS Chemicals France (Salaise-sur-Sanne)
Thor (Salaise-sur-Sanne)
Tredi (Salaise-sur-Sanne)
Adisseo (St-Clair-du-Rhône)
Bluestar Silicones France SAS (St-Fons)
Kem One (St-Fons)
Rhodia Opérations (St-Fons)

Il y en a un sacré paquet. Genre vraiment. C'était long, de dresser cette liste. 😅
Je veux juste montrer que si la question "Est-ce que notre centrale résiste en cas de rupture de barrage?" est normale pour les employés qui travaillent sur le sujet de la sûreté nucléaire, elle est profondément irrationnelle pour un non-spécialiste.
Et cela, les gens l'intègrent bien pour ce qui est des industries chimiques: je n'ai pas les capacités pour déterminer moi-même si les précautions nécessaires sont bien prises, je m'en remets aux spécialistes qui ont travaillé sur le sujet.
Pas par paresse intellectuelle. Par impossibilité de s'intéresser à tous les sites dangereux. Tout simplement!
Seulement, dans le cas du nucléaire, en plus des craintes légitimes viennent s'ajouter des peurs bien moins rationnelles, liées à l'incompréhension du domaine. La radioactivité, c'est invisible, impalpable, inodore, et ça peut tuer.
Et le nucléaire militaire ne contribue pas à donner une bonne image à l'industrie.

Ceci était un euphémisme.
Mais surtout, régulièrement, un peu comme pour les OGM, un reportage réalisé par des "anti" vient attiser toutes ces peurs. Et on a un très bel exemple ici.
Même s'il prétend parler d'une rupture de barrage et de toutes ses conséquences, le document parle surtout d'un risque nucléaire, estimé comme étant sous-évalué, avec musique pesante en fond.

Et les auteurs n'en sont pas à leur coup d'essai.
Thierry Gadault et Hugues Demeude, 2 des 4 journalistes crédités au générique, ce sont les auteurs de "Nucléaire, danger immédiat".

Un livre qui a été extrêmement critiqué par toute la filière, allant jusqu'à faire hésiter EDF à porter plainte pour diffamation.
Et pour revenir à l'article de France Info, il me semble évident que son but n'est pas différent. Faire peur. À mon avis, probablement dans le but politique de promouvoir l'arrêt du nucléaire, mais je m'avance vers un procès d'intention. Et les procès d'intention, c'est mal.
En tout cas, l'article comme le reportage font une énorme faute professionnelle.

Ils présentent comme crédible un scénario d'accident suffisamment énorme pour engloutir Lyon (la DEUXIÈME ville de France!!!) et ne s'intéressent qu'aux centrales nucléaires.
Au mieux, c'est stupide.

Au pire, c'est manipulatoire.

#FinDuThread
Edit:

On me fait remarquer à raison que les "429 mètres d'eau" que j'évoque ici n'en sont pas.
En fait c'est l'altitude de tête du barrage, qui est estimée à 429m NGF.
Merci @roscoe867JN , et mea culpa !
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