Oui, je sais, j'arrive longtemps après.
Et en plus, il l'a fait avec un excellent thread. Franchement, on ne peut plus avoir confiance en personne de nos jours, ahlala ma bonne dame.
Nous sommes le 19 septembre 2018, soit quelques jours après la sortie d'un Envoyé Spécial que je n'ai pas regardé et dont je ne sais alors rien.
francetvinfo.fr/meteo/inondati…
Il faut dire qu'on nous promet un barrage qui pourrait péter n'importe quand, si je comprends bien. C'est un peu important, tout de même.
En première partie, visite du barrage avec un inspecteur de sûreté hydraulique EDF. On nous présente le principal moyen de surveillance de l'état du barrage, des pendules d'environ 100 mètres de long.
Non, sérieusement. "La pression de l'eau y est maximale", c'était cité hors contexte dans l'article. Hors contexte, difficile d'y voir autre chose qu'une pression maximale par rapport à une valeur limite à laquelle les roches craqueraient.
Mais bon, on panique quand même.
Mais bon, on les compare quand même.
J'ai une remarque à faire: en principe, un lanceur d'alerte, il rend ses documents publics (à moins bien sûr que la diffusion de ceux-ci cause un problème majeur de sécurité). Là, ce n'est pas le cas.
Décidément, ça manque de panique.
Arrive la phrase qui sert de titre à l'article de France Info. "Ce type de construction de barrage, qui est un barrage-voûte, fin, peut péter instantanément".
Difficile de lire que le barrage "peut péter instantanément" et de ne pas penser qu'on parle d'un danger imminent.
Dans le scénario décrit par EDF en cas de pire rupture possible, la vague atteint les abords de la centrale au bout de 6 heures et 90km, et ferait alors monter l'eau de 9 mètres.
"Toute la zone serait inondée sauf, précisément, la centrale du Bugey. Comment est-ce possible?"
Un mur de protection est prévu devant le Rhône, des remblais ont été érigés, et le site bénéficie déjà du relief naturel. Encore une fois, RAS. Ça devient lassant.
Je dis ça, je dis rien. 🙄
Sauf que.
Alors non. Non, non, non, NON, NON.
Non mais stop, à un moment.
Il y a un moment où on doit s'arrêter, quand on fait des hypothèses.
Là, en cas de crues gigantesques et simultanées de l'Ain et du Rhône et de rupture brutale du barrage, on a encore de la marge.
Bon, c'est pas cool... Mais c'est pas Fukushima.
Et vous savez quoi? Même en cas de vague imposante, des mesures ont été prises pour éviter de revivre le même scénario qu'à Fukushima.
edf.fr/groupe-edf/nos…
Et la FARN la plus proche du Bugey, elle est... au Bugey. Ça va, la distance devrait être gérable.
Si le barrage pète, la centrale est-elle en danger? Non, clairement pas, d'autant que le barrage n'est peut-être même pas plein.
Si le barrage pète pendant une crue centennale de l'Ain? Non plus.
Et si en plus on a une crue historique du Rhône? Toujours pas.
Et si on s'est encore plus trompés et qu'une vraie grosse vague arrive malgré tout ça? Ben on a la FARN et très bientôt les DUS, donc ça ne devrait pas faire un nouveau Fukushima.
Il explique que la vague qui viendrait de Vouglans charrierait de la boue / des débris qui viendraient rendre inopérant le système de pompage d'eau depuis le Rhône.
Mon petit doigt me dit que ce n'est pas aussi simple, mais encore une fois je vous renvoie vers @TristanKamin qui répondra mieux que moi sur ces questions.
"Une vague géante, des débris, des réacteurs en fusion, une explosion nucléaire... C'est exactement ce qui s'est passé à Fukushima."
Je ne vais même pas revenir sur le ridicule de la comparaison.
connaissancedesenergies.org/d-ou-vient-l-h…
"Le parc nucléaire français a été construit avec l'idée qu'il ne pouvait pas y avoir un risque nucléaire en France. C'était im-po-ssible. Et il a fallu attendre Fukushima pour entendre dire qu'une catastrophe nucléaire en France était possible.
../
[...]
C'est une révolution de paradigme. Quand vous êtes en face d'un risque pour lequel vous n'avez aucune réponse, si ce n'est la fermeture de la centrale, et que vous ne voulez pas entendre parler de la fermeture de la centrale... qu'est-ce que vous voulez dire?"
Création de l'ASN, 2006.
Création du Service central de sûreté des installations nucléaires, 1973.
J'aimerais qu'on m'explique ce que faisaient tous ces gens avant 2011.
Enfin dire que personne en France n'imaginait un risque nucléaire avant Fukushima, elle se surpasse, quand même. x(
Ah oui, au fait, Lyon serait sous 6 mètres d'eau, aussi.
Bisous.
"L'histoire ne s'arrête pas là. Selon EDF, les effets de la vague se feraient sentir bien au-delà du Bugey. 35 kilomètres plus loin, le Rhône déborderait à Lyon. La place Bellecour, par exemple, se retrouverait sous 6 mètres d'eau.
../
Plus au sud, toujours en bordure du Rhône, 3 autres centrales nucléaires seraient menacées. Saint-Alban, Cruas et Tricastin."
C'est littéralement le seul passage du reportage qui parle de Lyon. Quatre phrases, 16 secondes sur 24 minutes 53 de reportage.
Lyon sous 6 mètres d'eau, ça ne mérite pas plus de temps d'antenne qu'une centrale 20 centimètres hors de l'eau? Ça n'est pas incroyablement plus dangereux?
Il y a encore des centrales en aval! Saint-Alban! Cruas! Tricastin! Tout est dangereux, puisque c'est en bord de Rhône!
Vous savez quoi, ça a l'air amusant, alors moi aussi je veux jouer.
J'AI UNE VIE TOUT À FAIT ÉPANOUISSANTE, MAIS SI MAIS SI.
Gifrer Barbezat (Decines Charpieu)
Rhône Gaz (Feyzin)
Total Raffinage France (Feyzin)
Suez RR IWS Chemicals France (Givors)
tal Additifs et Carburants Spéciaux (Givors)
Eurecat France (La Voule sur Rhône)
Dépôt Pétrolier de Lyon (Lyon)
Stockages Pétroliers du Rhône (Lyon)
Arkema (Pierre-Bénite)
Areva NC 22 (Pierrelatte)
Dépôt Pétrolier Portes-lès-Valence (Portes-lès-Valence)
Adisseo France SAS (Salaise-sur-Sanne)
Bluestar Silicones France SAS (Salaise-sur-Sanne)
Hexcel Fibers (Salaise-sur-Sanne)
HLog (Salaise-sur-Sanne)
Novapex (Salaise-sur-Sanne)
Rubis Terminal (Salaise-sur-Sanne)
Suez RR IWS Chemicals France (Salaise-sur-Sanne)
Thor (Salaise-sur-Sanne)
Tredi (Salaise-sur-Sanne)
Bluestar Silicones France SAS (St-Fons)
Kem One (St-Fons)
Rhodia Opérations (St-Fons)
Il y en a un sacré paquet. Genre vraiment. C'était long, de dresser cette liste. 😅
Ceci était un euphémisme.
Et les auteurs n'en sont pas à leur coup d'essai.
Ils présentent comme crédible un scénario d'accident suffisamment énorme pour engloutir Lyon (la DEUXIÈME ville de France!!!) et ne s'intéressent qu'aux centrales nucléaires.
On me fait remarquer à raison que les "429 mètres d'eau" que j'évoque ici n'en sont pas.
En fait c'est l'altitude de tête du barrage, qui est estimée à 429m NGF.
Merci @roscoe867JN , et mea culpa !