Les feux qui ravagent l'Australie sont un signal d'alarme : le climat va continuer à se modifier, de plus en plus rapidement. Or ce bouleversement est le fruit d'une idéologie, qui plonge loin dans le passé. La preuve avec Madère et Christophe Colomb. Un thread ! ⬇️ #histoire 
Jusqu'à récemment, on racontait l'histoire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb sur le mode de l'aventure glorieuse
Désormais, on sait mieux à quel point ces explorations océaniques européennes mènent à des transformations environnementales majeures. En Amérique, l'arrivée de maladies (variole, grippe) cause des millions de morts
Les conquistadors ramènent en Europe des plantes, comme la pomme de terre et le maïs, qui quelques siècles plus tar vont permettre de soutenir la démographie galopante de la phase d’industrialisation.
Bref : la première mondialisation est donc immédiatement associée à une transformation des écosystèmes de la planète, dont les conséquences façonnent notre monde actuel.
En réalité, dans cette histoire, rien ne commence en 1492. Dès le XVe siècle, la conquête des îles des Canaries, de Madère et des Açores permet aux Européens d'élaborer des techniques économiques et environnementales qui seront réutilisées ensuite
Aux Canaries, les Ganches, une population indigène, alors dotés d’une technologie de type néolithique, seront rapidement tués ou mis en esclavage.
Madère n'est pas peuplée. Les Portugais essayent de rendre l'île économiquement profitable. Sur l'ilôt de Santo Porto, ils introduisent des #lapins. Mauvaise idée : ils se multiplient et empêchent toute plantation... !
À Madère même, on tente de dégager la forêt pour planter du blé. Les colons mettent le feu, mais la situation leur échappe : de terribles incendies ravagent la forêt. Ce qui reste est exporté vers la péninsule Ibérique (d'où le nom de l'île : madeira, en portugais, c'est le bois)
Là où les premiers colons racontent qu’il y avait des arbres si grands que deux hommes se donnant les mains ne pouvaient en faire le tour, il ne reste aujourd’hui à Madère que des zones protégées d'une forêt relique.
Sur l'île, les Européens installent alors des cultures de canne à sucre. Pour le difficile travail agricole, ils commencent à importer des esclaves depuis les côtes africaines...
On voit ainsi que la conquête et l'exploitation de l'île est un maillon dans une histoire humaine et environnementale qui finit par concerner plusieurs continents. Notre attitude prédatrice face à l'environnement remonte ainsi à très loin.
Comment alors espérer un changement ? Les îles peuvent servir de révélateurs, car les destructions s'y constatent plus rapidement, du fait de leur taille réduite
Au début du XVIe siècle, Ferdinand Colomb, fils du découvreur de l’Amérique, écrit que son père savait bien, par l’expérience de Madère, que la déforestation était un facteur de réduction de la pluviométrie.
Deux siècles plus tard, l’île Maurice, colonie française ravagée depuis l’arrivée des premiers colons (#byebyeledodo), connaîtra de premières mesures de préservation environnementale, devenant ainsi un laboratoire de la politique écologique.
Il existe donc une autre histoire, qui remonte aussi à loin, et qui montre l’existence ancienne d’une pensée qu’on peut appeler "écologique", ainsi que, parfois, d’une mise en œuvre politique de cette pensée.
Dans cette affaire d’îles, l’Australie aura peut-être un rôle à jouer, en rappelant ce que l’histoire montre clairement : la préservation de l’environnement ne peut se faire par des petits gestes. Il faut désormais une mutation profonde, et une politique volontariste
Des îles ravagées d'hier aux îles sauvées de demain : il n'est pas trop tard pour combattre notre capacité de destruction, même si elle est profondément ancrée dans notre idéologie économique... ! Notre article du jour à retrouver sur notre site :
actuelmoyenage.wordpress.com/2020/01/30/sep…
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