Thread by @GeWoessner

« 648 piscines de déchets nucléaires » ? Des centres de stockages « saturés » ? À l’heure où le débat public sur l’avenir de ces déchets prend de l’ampleur, voici un (long, désolée) thread pour clarifier quelques notions, et y voir plus clair.⚡️
C'est parti. 🔽

On appelle «déchets nucléaires» les substances radioactives pour lesquelles aucune utilisation ultérieure n’est envisagée: il faut les stocker. Selon l’ANDRA (agence publique qui en a la charge), on comptait 1,62 million de m3 de déchets nucléaires fin 2017.

MAIS… tous n’ont pas la même dangerosité ! 31%, dits de très faible activité (TFA), ont une radioactivité, soit nulle (pas du tout radioactifs), soit proche de la radioactivité naturelle. Raison pour laquelle on se contente de les conditionner ou de les mettre dans des sacs.

Ce sont des bétons, des ferrailles... Les agents qui travaillent à leur contact sont exposés à des doses + de 900 fois inférieures au seuil autorisé. Ici, la dose reçue par l’agent le plus exposé (↙️) et la somme des doses reçues par tous les agents (↘️) Source : Andra.

Rappel : tout le monde reçoit de la radioactivité. La dose moyenne reçue par les Français est de 4,5 millisieverts (mSv) par an. (2/3 de sources naturelles, 1/3 examens médicaux). Ici, le détail des sources, naturelles ou artificielles, pour comprendre les ordres de grandeur :

Pourquoi traite-t-on ces matières à « très faible activité » comme des déchets, alors ?
Bonne question.
L’Allemagne, la Belgique, la Suède, la Suisse, les USA… en recyclent une partie (de façon très encadrée) dans le circuit conventionnel, considérant que… C’est + écologique.

La France, à l’inverse, considère comme « déchet nucléaire » toute matière en provenance d’un site nucléaire, même si elle n’est pas radioactive. C’est un traitement administratif, sans lien avec leurs caractéristiques physiques. C'est la loi française.

Ce sont ces déchets (les TFA) qui vont arriver en masse avec le démantèlement des centrales : de 537 000 m3 aujourd’hui, leur volume devrait passer à 2,1, voie 2,3 millions de m3 d’ici 2050. Que faire ? Changer la loi pour les recycler ? Ouvrir de nouveaux sites de stockage ?❓

C’est l’une des questions posée dans le débat public.
-Est-ce un vrai sujet de préoccupation ? OUI. ✅
-Est-ce un problème sanitaire ? Est-ce dangereux pour la population ? NON. ❌

Passons maintenant aux autres types de déchets.
Après les TFA, les déchets « à faible et moyenne activité-vie courte représentent 59,6% du volume total de déchets nucléaires. Vie courte = ils doivent être stockés pendant 300 ans avant de ne plus être radioactifs.

La dose de l’agent le plus exposé au centre qui les stocke est de 1,64 mSv sur l’année (2015.) (Rappel : inférieure à l’exposition annuelle d’origine naturelle.)

Ce centre n’a pas de problème de place (selon l’ANDRA) et pourra recevoir l’ensemble des déchets issus du démantèlement des anciennes centrales.

Parlons maintenant des déchets qui posent un énorme problème, et qui représentent un très grand danger....

Les déchets de moyenne activité – vie longue (peu radioactifs, mais pour très longtemps), et les déchets de Haute Activité (super-radioactifs, pour des millions d’années.) Les premiers représentent 2,64% du total des déchets, et les seconds : 0,23%.

C’est pour CES déchets, (MA-VL et HA) qu’on n’a PAS encore de solution définitive de stockage. On peut les accueillir jusqu’en 2030 environ, ensuite il va falloir étendre les capacités de stockage. Or 2030, c’est demain : il faut décider MAINTENANT ce qu’on va en faire.

-Certains (projet CIGEO) veulent les enfouir dans une couche d’argile à 500 mètres sous terre.
-D’autres jugent + prudent de les stocker en surface, au cas où on trouverait une meilleure solution pour en disposer dans le futur. Qui peut dire passera sur Terre dans 600 000 ans…?

Bref.
Faut-il "libérer" les déchets TFA, construire de nouveaux centres, stocker les matères très radioactives en surface, où, comment...?
Je vous laisse avec ces dilemmes.
🤔❓
Bon dimanche, et bonne réflexion !