Vous voyez, là, normalement, si l’univers médiatique fonctionnait sainement, le type aurait perdu son boulot.
Parce qu’on utilise la médiane précisément parce qu’elle es peut sensible aux valeurs extrêmes : le revenu médian c’est celui pour lequel on a 50% de la population qui gagne plus et 50% qui gagne moins. Donc si les riches deviennent un peu plus riche, cette valeur ne changera pas
Mais attendez, ce n’est pas tout : il n’y a pas un seuil de pauvreté mais trois. A 60%, 50% et 40% du niveau de vie (plutôt que du revenu). Ici, l’éditorialiste malhonnête fait comme s’il n’en existait qu’un, le plus haut évidemment.
Et bien sûr c’est pas fini : on pourrait certes critiquer une conception relative de la pauvreté, mais cela demanderait à se pencher sur les indicateurs de pauvreté absolue, notamment de privation matérielle, mais c’est trop fatigant pour un éditorialiste qui ne veut pas bosser.
Parce que cela conduirait surtout à comprendre le sens des indicateurs : les seuils de pauvreté ne servent pas à distinguer les pauvres des non pauvres au nv individuel (si on a 1€ de plus que le seuil, on ne cesse pas magiquement d’être pauvre...), mais à mesure des évolutions
Et à réaliser des comparaisons internationales. L’indicateur ne doit pas se regarder de façon isolé. Là encore, ça demande du boulot. Un boulot que l’éditorialiste n’a visiblement pas besoin de faire pour encaisser son chèque.
Bref on a quelqu’un de manifestement si incompétent qu’il n’est pas capable de produire une critique sérieuse de ce qu’il veut attaquer. Son apport au débat public est négatif.
Et il y en a encore : venons ça à son argument central "non mais quand même ils ont de l'argent". Prenons simplement non pas l'individu au seuil de pauvreté, mais l'individu médian : en 2006, ses ressources étaient de 1467€. Pas pauvre, hein ?
Mais si on retirer les dépenses contraintes (logement, eau, gaz, électricité, etc.) et les dépenses incontournables (alimentation, transport, santé, éducation), il lui reste... 294€. Pour les loisirs, vacances, habillement, équipement ménager, épargne. credoc.fr/publications/l… 
Regardez sur le graphique ce qu'il est en est pour les 10% les plus pauvres : après dépenses contraintes et incontournables, il leur reste 80 euros. Quatre vingt euros. Pour loisirs, vacances, habillement, équipement, épargne.
Si on considère les pauvres au sens de "sous le seuil de 60% du revenu médian", leur niveau de vie arbitrable - c'est-à-dire auquel on a déduit les seules dépenses pré-engagées (logement, assurances, télécom) médian s'élève à... 340 euros credoc.fr/publications/l…
Ce qui signifie que la moitié de ces ménages vivent avec un revenu arbitrable INFERIEUR à 340 euros.
C'est ça les chiffres de la pauvreté. Il n'est pas inutile de les donner et de les expliciter sans nécessairement en dire plus. C'est ce qu'aurait pu faire un éditorialiste utile. Comme souvent, celui-ci a choisi l'autre voie.
Ah et encore une chose : vous connaissez sans doute l'argument selon lequel "ok, ils sont pauvres, mais par rapport aux pays pauvres, ils sont riches" ? Bah pour les Etats-Unis, on sait que c'est très très discutable huffpost.com/entry/poverty-…
Et si ça l'est moins pour la France, c'est sans doute grâce à ce "pognon de dingue" qui paraît-il ne sert à rien (sauf à limiter la pauvreté et ses conséquences...)
