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#CongrèsUnistra Très gros ordre du jour : on récapitule toute l'année et on prévoit la suivante.

Ca commence avec le communiqué de la CPU "approche proactive de l'autonomie". L'opposition invite le Congrès à en discuter.

Le président refuse ce débat, mais donne son avis.
Le président est pour les demandes exprimées dans ce communiqué. Il évoque des services d'enseignement indexés sur les crédits ECTS. Il parle de "richesse de débat", "d'assemblées générale", "aucune question ne doit être ignorée".
Puis il refuse que le Congrès en discute.
L'intersyndicale a marqué un gros coup : elle a lancé une enquête sur les propositions de la CPU ce matin. Le président ne peut désormais plus se dérober en se prévalent du support silencieux des personnels.
Il va donc encourager à répondre à cette enquête...
Fait intéressant : il rechigne à inciter par mail tous les personnels à répondre à cette enquête. Qui souhaite-t-il donc encourager à répondre, puisque ce n'est pas tous les personnels ?
La tête de liste présidentielle estime que 20 minutes c'est déjà trop long pour une telle question. Elle pense qu'une AG serait une bonne idée (elle était absente à celle de la semaine dernière). Elle s'exprimera à titre personnel, parce qu'elle n'en a discuté avec personne.
Le président souhaite maintenant associer les étudiants dans la réflexion sur les statuts des enseignants-chercheurs.
C'est malin : cela permettra de monter les corps les uns contre les autres. De plus, la majorité des élus étudiants ont voté pour lui.
On attaque le rapport d'activité du président.
C'est le bilan de l'année... Mais n'y a que des détails et anecdotes. Là on parle collecte du sang et champion de karaté "Premiers de cordée, étudiants combatifs".

Je vous préviens dès qu'on a du dur.
"Ça n'était pas évident de faire passer l'idée du travail le dimanche" de la Bibliothèque nationale universitaire.

Ici un CR de... 2014. 5 ans qu'on le fait. #mébon tant qu'on parle de ça, on ne parle pas de la hausse des frais d'inscription ou des chantiers qui prennent l'eau.
"Le plus grand tueur du monde : l'insecte" "Make our planet great again" "ERC" "Médailles" "Prix" "MT180"...

Ha !! #BienvenueEnFrance "Nous avons été audibles et adopté le processus d'exonération le plus large possible".
C'est tout sur cette question (et en plus c'est faux).
"science quantique" "plan stratégique" "seed money" "Alliance Epicur" (agar.io) "challenges inédits" "nouvel élan avec @inria" "intelligence artificielle" "enteurpenariat (sic) étudiant" "start up" "avenir du patrimoine immobilier en cabarets (sic)" "Tous Nobels"
La liste des projets en cours en cours n'en finit plus... Je n'arrive même pas à citer les projets de tête tellement il y en a.

On verra dans pas longtemps l'importance de ce point, au moment du vote de la Lettre d'Orientation Budgétaire #LOB

Le président termine sa présentation. Il n'y a aucune réaction dans la salle. Le président fait des blagues pour meubler le silence. Il invite les gens à réagir. Il n'y en a pas.

"Ca vous laisse sans voix...J’interpréterai ce silence de la manière la plus positive pour moi."
Et puis le président lit la liste des procurations. Il y en a vraiment beaucoup. Les gens ne se déplacent même plus.

Un élu étudiant et moi votons contre. 16 élus d'opposition s'abstiennent. Les élus majorité ne disent rien et ne bougent pas.
Le rapport d'activité est approuvé.
On attaque la #LOB.
"Quand on se lève le matin et qu'on se couche le soir, on a dépensé 1,2 M€. Comme la sécurité sociale, c'est assez rapidement qu'on peut passer dans le rouge. Pour poursuivre la politique d'investissement, on va mobiliser notre fond de roulement." (sic)
En clair : on pète le PEL et on fait de l'emprunt pour continuer à se payer plein de trucs cools et inaugurables.

"Recherche de financements nouveaux, par tous. Si j'en parle ici, c'est que ça concerne tout le monde, au moins de faire des économies."
MAIS !
"Responsabilité sociétale des universités, développement européen EUCOR, et la labellisation de la chartes Marianne, et usine-ecole"
"Accompagner la livraison de tous les bâtiments" "Il n'y a pas toujours d'équipements prévus, et c'est donc l'université qui doit le faire sur fond propres. On peut trouver des financements, mais aussi faire des économies."
"J'en appelle à tout le monde : on peut trouver des sources de financements, mais on peut faire des économies dans certains secteurs. C'est la responsabilité de tout le monde".

On a bien une idée de secteur pour faire des économies...
"vous le savez, nous avons le recours à l'emprunt pour ramasser les travaux sur seulement 5 ans. En 2020, nous envisageons d'emprunter 40 M€".
Oui, parce que l'emprunt ne permet pas de faire plus, mais juste de faire plus vite. Il n'y a *aucune* visibilité au delà de 2022.
La tête de liste majorité prend la parole pour dire que "les finances sont en très bonne santé, mais il faut faire preuve de prudence... La masse salariale et ce n'est pas facile d'augmenter les ressources propres"
"GVT", etc.
"Il faut que les composantes adoptent la culture de ne plus demander un poste parce qu'on en avait un."
"Il faut qu'on apprenne à travailler en adéquation avec nos moyens."

Est-elle en train de dire que les collègues réclament trop sans raison ???
Ce sera ça LE problème ?
Le président : "On a l'impression qu'en haut lieu, on ne cherche pas de solution récurrente au niveau du GVT. Tant que les négociations au niveau de la CPU n'aboutiront pas, on aura des éléments aléatoires, tous les ans".

En clair : le ministère nous tient en laisse.
#FunPhrase (à propos de tel appel à projet européen auquel on a répondu)
"Si on est lauréat, on pourra postuler aux appels à projet nationaux" (sic)
Un élu trouve absurde et injuste le contraste entre le nombre de projets de développement et la stricte limitation du nombre de personnels.
Il se demande comment on peut se développer à effectif constant.

Le président répond sur un unique projet qui n'est pas (encore) financé.
Le VP explique qu'il y a "deux enveloppe séparées" :
1. les fonctionnaires, qui ne peuvent pas augmenter ;
2. les CDD pour projet, qui peuvent augmenter, si on a un projet.

On est ici au cœur de la transformation du modèle d'ESR de notre pays.
Dit avec le sourire.
Une élue d'opposition observe que rien n'est hiérarchisé dans cette #LOB. On ne saura donc pas quelles missions seront sacrifiées si les moyens manquent. Elle demande comment seront prises les décisions.
Le président ne répond rien et invite à une autre question.
On insiste. Le VP finit par dire qu'effectivement aucune décision n'est prise, et qu'il faudra en prendre. Il ne sait pas comment elles seront prises ni par qui.

Le Congrès ne décide donc de rien.

On est ici au cœur de la démocratie universitaire résultante de la LRU.
Le président "Depuis 3 ans nous avons le record de France d'ouverture de postes d'enseignants-chercheurs. 68 postes d'EC, nous sommes les seuls. Il n'y a personne au dessus de 50."
C'est absolument faux. Mais ça rassure.
Ca parle maintenant dévolution du patrimoine. Le président : "Ca ne va pas nous impacter autant qu'on le croit" "Cela permettra juste de louer nos locaux inoccupés, et de vendre certains bâtiments" "On y va prudemment".
Un élu : "On parle de 'maintien de l'offre de formation et de 'maîtrise des heures comp', mais dans ma composantes on en fait déjà des milliers. Dans ce cadre là, la remise en cause des 192h est une opportunité d'économie. De plus, 'maintenir et maîtriser' est peu ambitieux".
Le président assume cette politique.
Je demande ensuite quelles sont augmentations de recettes décidées l'an dernier : "aucune, j'attends vos idées".
J'observe que nos charges vont lourdement augmenter : "acquiescement".
Je demande donc, puisque pas de recettes et augmentation des charges, quelles économies ?
Réponse : "Aucune, j'attends vos idées".
On discute, je repose la questions 3 ou 4 fois. Je n'obtiens rien.
Le président finit par énumérer pour la nième fois des chantiers, en disant qu'ils permettront des économies. C'est faux.
Tout le monde sait qu'on parle des postes EC.
Clash avec le président : je lui fait remarquer que l'université de strasbourg n'est pas celle qui a ouvert le plus de postes. Il me lance un paris, mais refuse d'en fixer l'enjeu. Je cite les deux universités qui ont fait plus : Lorraine et AMU. Il s'énerve.
Le président dit que c'est faux, et qu'il me le prouvera demain matin. Je lui répond que j'ai beaucoup d'impatience.

La dame devant moi secoue la tête en répétant "c'est faux ! c'est faux !" en parlant de mes chiffres. Le président à toujours raison.

blog.educpros.fr/julien-gossa/2…
On parle maintenant de la grande consultation #CAP2030

La participation est décevante... On parle donc plutôt de "dynamique participative", et puis on note qu'on est meilleur que Sorbonne U, Nanterre et Rennes. Mais en fait non, Rennes est meilleur.

On note que les propositions sont ras-de-terre et à court-terme.
Étonnamment, les gens veulent des locaux propres et où crève pas de chaud. Les grands projets (qu'on ne cesse de présenter depuis 3 heures) n'intéressent personne. Mais on n'ira jamais jusqu'à cette conclusion.
Gros clash : un élu d'opposition note que si on veut une démocratie, on peut commencer par faire tourner les conseils.
Il craque un peu et parle de la proposition d'avoir un spa.
Le président s'enflamme, l'accuse d'être méprisant avec ceux qui ont travaillé à cette enquête.
Le président :
"Vous faites un procès d'intention !"
"C'est un procès en démocratie !"
"C'est ridicule. Ce n'est pas parce que vous n'avez pas la majorité, que ce n'est pas la démocratie !"

La tension monte. La tête de la majorité calme le jeu :
"Il ne faut pas opposer démocratie représentative et participative"
"J'ai été choquée de l'absence d'enseignants-chercheurs lors des ateliers"
"Il faut qu'on se sente collectivement appartenir à une université, et ça, ça ne peut pas exister dans les conseils"
Le président ne retient pas l'absence des enseignants-chercheurs, mais préfère penser "en creux" à la grande participation des BIATSS.
Il accuse rapidement l'opposition de mépriser leur avis

Puis il parle des gilets jaunes, personne ne comprend plus rien.
Le président : "La LRU n'a que 10 ans, et nous n'avons pas encore l'habitude de réfléchir à 10 ans."
Une élue d'opposition note que dans les propositions de 2019, on retrouve des discussions qui ont été tenues au moment de la fusion. Elle estime donc qu'on n'a pas été écoutés, et qu'il est donc inutile de s'exprimer.

La VP se vexe un peu, le président répète un truc.
Plusieurs collègues souhaiteraient qu'on puisse revoter toutes les propositions, pour éviter des biais et s'assurer d'une participation.
Ça ne sera pas dit, mais la plateforme est privée (la même que pour le #GrandDebatNational). On ne peut pas la réouvrir sans payer.
Je demande pourquoi les EC ont été absent de cette consultation. Je fais le lien avec le rapport HCERES qui note l'absence d'adhésion des EC au projet de l'université.

Personne ne sait, il faudrait une enquête. Le rapport a 2 ans, et on avait dit pareil.
Un élu syndiqué dira plus tard que la surcharge des EC peut expliquer pourquoi ils n'ont plus le temps de s'occuper de leur établissement.
Rien ne lui sera répondu.
Je dégaine ensuite un truc : la proposition de se retirer de la course la publication.

On a regretté de ne pas avoir de proposition en long terme, en voilà une. Cependant, sommes-nous capable d'en discuter ? Sommes-nous capable, si nous le décidons, de le faire ?
Après 10 ans d'autonomie, sommes-nous encore capables de nous auto-déterminer ?
Silence pesant, gêne. Tout le monde sait que nous en sommes incapables, que nous n'en avons ni le courage, ni l'envergure.

C'est tellement triste, mais nous ne sommes plus des universitaires.
J'insiste, mais ni le président ni sa VP ne s'engagent à organiser un débat sur cette question. Le président dégaine le Brexit et m'accuse ainsi à mi-mot de vouloir isoler l'université, de vouloir la couler.

En ce sens, nous ne sommes plus vraiment une université...
Le point est adopté avec l'abstention d'une partie de l'opposition, et on enchaine avec le point suivant : la fondation de l'Université de Strasbourg.

"Notre objectif et d'augmenter au maximum le nombre et la nature des donateurs".
90% des dons sont affectés par le donateurs.
En clair, dans ce modèle, ce ne sont pas les les universitaires qui décident de leur politique d'enseignement et de recherche.
On parle encore des taux très bas, et donc des placements qui ne rapportent plus rien. Puis des cours de la bourse, qui pèsent sur nos finances, et nos placements à long terme.

Pour rappel : Nous sommes toujours dans un congrès d'une grande université de recherche.
La présentation se termine : "Il faut que tout le monde nous aide pour développer une véritable culture du mécénat". Applaudissement.

Même le président n'a pas été applaudi pour son rapport d'activité. C'est vraiment très étrange que ça arrive à ce moment. On applaudit rarement.
(Je pense que j'ai dû rater un détail expliquant ces applaudissements...)

Un élu d'opposition dit qu'on aurait besoin d'avoir la répartition par projet, pour bien comprendre ce qui est financé par la fondation.
On noit un peu le poisson... "On a plus de 200 lignes budgétaires".
"On est toujours très heureux de... d'entre guillemets vendre l'université partout où on va. Il faut que vous, vous tous, vous vous mobilisez, vous mobilisiez votre entourage, vous sollicitiez vos étudiants, pour constituer un réseau".

Je suis sincèrement choqué....
18:30 Le président aborde enfin le point qu'il a refusé en début de séance : la destruction des statuts des EC.

L'amphi s'est vidé et tout le monde est crevé.
#ProTips : pour ne pas discuter de quelque chose, le renvoyer en fin d'une réunion qui déborde déjà.
Ca discutaille un peu, le président s'engage à "convoquer une AG, mais une AG structurée hein" (c'est à dire dirigée par le président).

On demande un délais. Le président refuse d'en donner "un délais raisonnable".
HA ! Ca y est : un collègue note le soucis autour de l'avis des étudiants.

Le piège se referme.
Le président "Il ne faut pas prendre les étudiants pour des idiots" "la question des 192h, c'est de l'argent public, ça regarde tout le monde. Les étudiants sont les usagers."
L'élu étudiant prend le micro pour la première fois :
"Je suis étonné des propos tenus ici. Nous sommes acteurs et touchés par ces problématiques". Bingo !

C'est vraiment magnifique ! Quel fin politicien ce président, je suis sincèrement impressionné !
Notons aussi :
- "Toucher aux 192h, ce n'est pas toucher aux statuts".
- "Arrêtez de prendre la France pour seul modèle".

Et enfin... "Bonne soirée".

18:43 Le Congrès n'aura pris strictement aucune décision.
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