Thread by @vincentglad

Thread : Une histoire de l'Internet contemporain.

Le Mexique est en ébullition depuis hier pour une "mauvaise blague" postée sur Facebook par une pilote de ligne de la compagnie Interjet.

Le président AMLO vient carrément de réagir. That escalated quickly. (1/11)

Trad de ce message, posté alors qu'AMLO faisait un discours au Zocalo, place centrale de Mexico : "On devrait lâcher une bombe sur le Zocalo, ça nous rendrait service à tous"

"Je te soutiens 😂", lui répond une amie, aussi pilote chez Interjet. "Hahaha", répond la pilote. (2/11)

La capture a été postée sur un compte très connu qui se moque des publications web des "whitexicans", les riches blancs mexicains. Immédiatement, la police de l'Internet se met en branle, retrouve son FB (vite supprimé) et exige son licenciement. (3/11)

Attisé par les rivalités politiques, ce statut Facebook devient un sujet d'ampleur national. Interjet réagit très vite et publie un communiqué qualifiant la publication d' "inacceptable" et annonçant une enquête interne. (4/11)

Le cas Ximena devient un sujet de polarisation ds un pays très divisé entre partisans d'AMLO, 1er président de gauche de l'histoire récente du pays, et ceux —très nombreux— qui le haïssent.

Ximena est devenue le symbole des "whitexicans" refusant le changement avec AMLO (5/11)

Les opposants ont lancé le hashtag #TodosSomosXimena (nous sommes tous Ximena) alors que les partisans d'AMLO répondent par les hashtags #LadyBomba, #LadyTerrorista ou #XimenaTerroristaDeInterjet. La bataille est d'une violence rare sur Twitter. (6/11)

Vous conviendrez que le terme "terroriste" est un peu fort. Mais la question de la sécurité peut néanmoins se poser. Car AMLO vole..sur Interjet, compagnie low-cost.

C'était une de ses promesses de campagne: abandonner l'avion présidentiel et prendre des vols commerciaux (7/11)

L'ancien président Calderon dit comprendre le problème posé par cette "mauvaise blague". Mais s'étonne de l'indignation de tous ceux qui, sur Twitter, "ont menacé, injurié jusqu'à l'épuisement et souhaité les pires choses à ceux qui ne pensent pas comme eux." (8/11)

Des petits malins ont tapé "bomba Zocalo" dans Twitter et ont évidemment trouvé de très nombreuses occurrences alors que le président s'appelait Enrique Peña Nieto (opposant d'AMLO). Aucune bombe n'avait été lâchée sur le Zocalo malgré ces mauvaises "blagues" sur Twitter. (9/11)

AMLO vient de réagir en personne. Qualifiant les propos de "très forts" et d' "irrationnels", il calme le jeu et demande d'attendre de savoir "si elle est prête à s'excuser" et "si elle a posté ce message sans le penser vraiment comme tout semble l'indiquer". (10/11)

Qu'il faille que le président d'un pays prenne la parole pour tenter de calmer un tweet-clash en dit beaucoup sur l'état du débat politique aujourd'hui. Pas sûr que la démocratie Twitter, qui favorise ces débats incendiaires et polarisants, soit des plus saines. (11/11)